Divin Péché

___Nous t’étions peut-être indifférents, ou peut-être que tu nous enviais. Mais tu sais, nous n’en avions que faire. Nous vivions dans notre monde, en harmonie avec le votre. Et même si nous aurions dû nous efforcer à nous lier avec vous, nous ne pouvons revenir dans le passé. Chaque chose faîte est inexorable.

Et nous avions fait notre choix.

Mieux que nous, vraiment ?

_______________Il pleuvait, ce jour là. Comme chaque jour depuis ton départ, aussi prématuré soit-il. J’étais assise sur cette dalle froide et grise, en harmonie avec le décor m’entourant –avec moi. J’avais poussé les vases et les cadres de ta famille en ton hommage, et me tenais au centre de la pierre, en face de toi. En face de ton nom, et de ton joli prénom. En face de ta date de naissance, et celle de ton départ. En face de ton portrait, que ta mère avait décidé d’accrocher. Elle avait trouvé la meilleure photo de toi, celle qui te correspondait le mieux. Tu étais très légèrement de profil, et un franc sourire (aussi parfait que toi) enjolivait ta mine radieuse. Tes joues étaient remontées, signe de ton épanouissement, et tu rayonnais. Tu étais le seul rayon de soleil de cet endroit. Et tu étais véritablement mon rayon de soleil. Je caressais du bout de mes doigts tremblants tes lèvres, imaginant avec délicatesse ton piercing contraster avec la chaleur de ton corps –autrefois si chaud. Tu étais en harmonie avec lui, dorénavant. Aussi froid et rigide que ce bout de métal. J’imaginais avec ardeur tes cheveux me chatouiller le bout du nez, et tes mains frôler tendrement mes joues rosies par ta présence.
_______________Il faisait froid, aujourd’hui. La neige commençait à tomber, et venait s’écraser contre toi, contre ta couverture grise, contre moi. Je renfilais mes gants, mes doigts s’engourdissant au contact du froid piquant. Tu n’étais pas là pour me réchauffer. J’aurais dû me trouver devant une belle et imposante cheminée, dégustant doucement un chocolat chaud, et profitant du feu crépitant sous mes yeux. J’aurais dû organiser la décoration de ma maison, mettre les cadeaux sous notre magnifique sapin, et attendre le lendemain matin avec un empressement sans pareil. Mais rien de toute cela n’était plus possible, sans toi. Noël était un jour comme un autre. Il ferait toujours aussi froid, la neige tomberait peut-être un peu plus. Et moi, je passerais Noël avec toi, en face de ton visage. Je ne te parlerais pas, je me contenterais de te regarder, et d’éprouver, une fois n’est pas coutume, ce manque horrible qui me paralysait. Noël serait donc un jour comme un autre. Sans aucun changement, pour toi, comme pour moi.
_______________Je saluais la grand-mère qui, chaque Jeudi, venait embrasser son mari, et lui déposer quelques fleurs. Elle était toujours au rendez-vous, toujours coquette, et elle ne restait qu’une dizaine de minutes, en compagnie de celui qu’elle avait aimé –aimait. Moi, je passais mes après-midi avec toi. Je passais mes soirées sur cette dalle, comme si j’attendais un signe de ta part, qui ne viendrait pas. Alors que les autres élèves rentraient chez eux afin de faire leurs devoirs, alors que d’autres encore se retrouvaient au bar du coin, au magasin chic de la rue passante, moi, c’est toi que je rejoignais. C’est avec toi que je passais mon temps.




Quatre mois auparavant. La rentrée des classes.
_______________Je retrouvais Artur devant notre lycée, il m’attendait depuis quelques minutes déjà. Tous les élèves entraient avec empressement dans le hall, désirant allégrement savoir dans quelle terminale se trouvaient-ils. Je savais déjà que j’étais dans la classe d’Artur, c’était ainsi depuis notre enfance, et nous étions assez enclins au travail pour que les professeurs n’aient aucune raison de nous séparer. Je l’embrassais sur la joue, passant mes mains dans le bataillon de ses cheveux. Tout en riant, il passa son bras autour de mes épaules, et nous pénétrâmes dans la salle où était affichée les feuilles contenant les listes de classe. Je me frayais un passage entre tous ces adolescents surexcités, et m’arrêtais devant la Terminale L. La seule de notre établissement. Je pointais mon doigt sur le premier nom de la liste, Edena AGLAYA. Artur me sourit. Il se posta près de moi, arrêta son pouce sur le dernier nom de la liste, Artur VETEA. « Comme d’habitude. »
_______________Notre professeur principal, qui n’était autre que notre professeur de littérature, appela de sa voix stridente et cassée la terminale L. Tous les élèves se regroupèrent autour d’elle, cette brave femme au visage poupin, et à la taille plus petite que la moyenne. Nous étions les derniers, et sentions sans grande difficulté les regards équivoques de nos futurs camarades. Artur et moi attirions les ragots. Tout d’abord parce que nous étions à longueur de journée tous les deux, et que personne ne pénétrait dans notre cercle fermé. Nous nous suffisions, et c’était ainsi. Ensuite, parce que ni moi, ni Artur n’avions eus de relation amoureuse depuis notre entrée en seconde, ce qui émoustillait un nombre considérable de personne. La plupart pensait que nous étions nous même en couple, mais permettez moi de vous dire que c’était bien plus compliqué que cela. Enfin, les élèves essayant de discuter avec nous ne nous intéressaient nullement, et ils repartaient bredouilles, ne pouvant même se vanter de nous avoir adressé la parole. Artur et moi ne formions qu’un, et nous n’avions pas besoin d’une troisième personne.
_______________Pénétrant dans notre salle de cours, nous nous assîmes près de la fenêtre, l’un à côté de l’autre. Mme Bontemps fit l’appel, se présenta, nous fit écrire notre emploi du temps, nous évoqua l’importance de notre année, entre autre l’enjeu du baccalauréat. Artur et moi n’écoutions à peine. Nous savions tout cela. Qui ne le savait pas, d’ailleurs ? D’une banalité aussi ennuyante qu’effarante. Artur jouait avec son stylo, alors que je lui prenais des mains, irritée par son geste répétitif. Dans l’empressement, je le laissais tomber par terre, et c’est le garçon qui se trouvait au rang de devant nous qui le ramassa, un mince sourire sur ses lèvres. Je lui prenais le stylo des mains, et le remerciais d’un bref signe de tête.

- Je m’appelle Nathan.

_______________Artur le fixa un instant, ce qui força le dénommé Nathan à se retourner, rouge de honte et de confusion. Ses yeux étincelaient la colère.

- Ne sois pas méchant. Murmurais-je.
- Je pensais que cette année allait être différente. Regarde-les, ce sera le premier qui nous arrachera un sourire. Je déteste cela.
- Tu n’es toujours pas habitué ? Ca passera, comme d’habitude.
- A être épié et traqué ? Désolé de ne pas aimer être le centre d’attention, contrairement à toi. Pesta-t-il.
- Je déteste ça autant que toi.
- Ca n’empêche que je n’aurais pas été là, tu aurais renversé le cœur de ce pauvre Nathan, et
- Mr VETEA, désirez-vous faire une remarque à toute la classe ? Interrompit notre professeur.
- Absolument pas, Mme Bontemps.

_______________Elle ne put que lui sourire, et j’aurais juré que son cœur s’était arrêté, en entendant son nom dans la bouche de mon Artur. Ce dernier avait une force magnétique incroyable, et une force de conviction impressionnante. Vous ne pouviez qu’écouter, et approuver, en sa compagnie. J’étais depuis bien longtemps sortie de son emprise, ne sachant même pas si j’y étais entrée un jour. Nous étions les mêmes, Artur et moi. Et c’était une alchimie sans pareille qui nous unissait.




_______________La neige tombait en rafale, dorénavant. Mon nez était sans nul doute rougit par le froid, et l’air s’engouffrant dans ma gorge brûlait mes poumons. Je me relevais doucement, remettant les cadres et autres babioles à leur place, sur la dalle grise qui te recouvrait. Plongeant mes yeux dans les tiens une dernière fois, j’enfonçais ma main dans ma poche droite, et en ressortait mon portable. Il était 19h55. L’endroit fermait dans cinq minutes. Je m’octroyais encore une minute devant toi, ne voulant décemment pas te laisser. C’est le gardien qui m’interpella, en se plantant à côté de moi et en me tendant un mouchoir. Blanc, la pureté, la sagesse, la paix –complétement déplacé en ce lieu infestant ce sordide Enfer. Je lui prenais le malheur des mains, et m’essuyais les joues avec.

- Il est l’heure, Mlle AGLAYA. Accordez-vous un jour de repos, restez au chaud jusqu’à Noël, cela vous fera du bien.
- Non. Merci. Soufflais-je.
- Il sera pourtant toujours là, dans deux jours, dans deux semaines, et même dans deux ans.

_______________Je n’aimais pas son cynisme. Je n’aimais pas cet homme d’une cinquantaine d’années qui pensait tout connaître de la vie, de mes pensées, de mon vécu. Je le chassais d’un regard peu amène, et te scrutait.
_______________A demain, mon ange.

Je suis tellement..'contente' que tu l'ais poste. Te retrouver. Toi, tes mots, et ton écriture. c'est un délice. Je trouve ca magnifique, tu sais. Tellement plus qu'une simple histoire triste. C'est toi, dans le moindre mot, dans la moindre phrase, dans la moindre intonation donnée à ce texte. Tu réussis quelque chose d'incroyable. Ce lien qui les unissait, c'est comme si on se l'imaginait. Comme si on l'efflurait sans pour autant pouvoir le toucher. Parce qu'il n'appartient qu'à eux. Eux deux seuls. On le ressent, ce cercle fermé qu'ils formaient. On arrive à le voir. A les envier presque. De cette alchimie qu'il y a entre eux, tu sais. Artur est magnétique c'est vrai. La façon dont elle le décrit. L'emprise qu'il a sur elle. Un aimant, duquel elle ne peut se défaire. duquel elle ne veut pas se défaire. Meme s'il est mort. Il reste sa personne complémentaire. & personne ne peut le comprendre. Absolulment personne. Ni les autres élèves, ni Mme Bontemps, ni le gardien du cimetière. Alors le fait qu'elle reste avec lui, toutes ces journées, ces nuits, ces instant la où elle est sur cette dalle, deviennent compréhensible, bien qu'on ne puisse s'imagnier 1/100 de ce qu'elle ressent. Mais on arrive à comprendre ce comportement qu'elle adopte. Ce 'prologue' est phénoménale. Tu arrives à nous impressionner dès les premiers mots.On est captivés, avide de découvrir ce lien, et la suite nous comble. Et le titre.. Divin. Ce lien qu'il les unit est divin, je pense. La complémentarité parfaite. J'avais déjà lu un extrait de ce texte. Le passage avec son piercing, sur ton blog. Déjà sur ton blog, j'avais été absorbée. Et là c'est encore mieux. J'arrive a mettre une image dessus. Et toutes ces choses qui tournent autour. Je suis si heureuse d'avoir pu lire ça, tu sais, et j'espère pouvoir en lire davantage. C'est fabuleux, ce qui sort de tes doigts. Je suis imprésionnée. Tellement, vraiment. Merci.

_______________Une élève de ma classe, une grande blonde un peu trop maquillée à mon goût, me tint la porte, avec un sourire à la fois forcée et hypocrite, attendant sûrement une réponse de ma part. Je ne lui accordais aucune attention, ni une parole, ni un regard. C’était la fin de la journée, il était cinq heures trente, je te retrouverais dans moins de vingt minutes. Et alors je respirerais. Je m’arrêtais rapidement aux toilettes, tapotais mes joues d’eau froide –l’espoir. J’attachais mes cheveux lisses en une queue de cheval qui dévoilait mes yeux, alors, je pourrais me perdre dans ton regard –l’éternité. Enfin, je sortais du lycée, accélérant le pas –liberté. J’attrapais mon bus, m’arrêtais au bout de cinq stations, et dans un geste parfaitement habituel, ouvrait le portail noir et grinçant de l’endroit où tu reposais. Je ne saluais pas le gardien, et il ne fut aucunement surpris de me voir. Je poussais les vases et cadres, et m’asseyais en tailleur devant ta photo. Devant ton nom, ton prénom, et tes dates. Et je te souris.
_______________J’aurais pu rester des heures, ainsi. Je restais des heures, ainsi. Dans cette position, avec toi. Et je sentais mon cœur battre comme il ne l’avait jamais fait dans la journée.

« Fais moi un signe. »

_______________J’étais tombée, il y a quelques jours, sur un livre intitulé : Les secrets de l’au delà. Pathétique, n’est ce pas. Ceci étant, je l’avais dévoré. Et j’enviais, non, je jalousais ces hommes et ces femmes qui arrivaient à correspondre avec des personnes de leur famille, alors qu’ils n’étaient plus de ce monde. J’espérais y arriver, c’était un espoir comme un autre, qu’il soit fondé, ou non. J’avais besoin de ça, pour m’aider à sortir la tête de l’eau.

« Tu n’as pas d’idée ? Je ne sais pas tu pourrais… cligner d’un œil ! »

_______________Je scrutais son visage. Une dizaine de minutes. Il me regardait, mais je ne décelais aucun mouvement. Je savais que je pouvais attendre indéfiniment, rien ne viendrait. Je n’y croyais pas, de toute façon. C’était juste une nouvelle bouée de sauvetage, qui finirait par se dégonfler à un moment donné. Et alors, il y aurait deux cas de figures : soit, je sortirais de l’eau, soit, je me noierais. Dans les deux cas, je me sentirais sûrement bien plus heureuse qu’à cet instant, si instable et futile qu’il me paralysait l’esprit, et me faisait croire à des choses dénuées de sens.

« Tu pourrais faire passer un skateboard au loin. »

« Tu pourrais faire envoler un dessin que j’ai fais en ta présence. »

« Tu pourrais me faire entendre une de nos chansons préférées. »

_______________Je soupirais. Une voiture grise, en accord avec l’endroit sinistre dans lequel je me trouvais, s’arrêta sur le petit parking. Dans un crissement de pneus, ils sortirent de la voiture, laissant le moteur tourner, et la musique hurler à l’intérieur. Je détournais les yeux. Artur… Mon Artur. Ce n’était pas le signe que j’attendais. Vraiment pas.

_______________Je me relevais délicatement, essuyant les poussières du sol qui s’étaient encrées dans mon jean noir. Je les scrutais, d’un regard dénué d’émotion, ou au contraire emplie de sentiments contraires qu’eux même ne pouvaient déceler –ils n’en avaient pas la capacité.

_______________Midi trente sonnait. Artur et moi, nous rangeâmes d’un même mouvement nos affaires, et nous sortîmes aussi rapidement que possible de la salle de classe. Tous les élèves se ruaient vers la cantine, et la queue s’élargissait au fil que les minutes s’écoulaient. Aucuns d’eux n’avaient envie de patienter pendant trente minutes, alors que les premiers avaient tout leur temps pour déguster leur repas. Artur et moi n’avions pas ce problème. Les secondes –au désavantage des autres, évidemment-, nous laissait passer sans même qu’on ne leur demande, un espoir vain dans leurs yeux enfantins. Nous ne nous intéressions pas à eux, et ne nous attardions pas à les remercier. C’est ainsi que nous arrivâmes rapidement dans la cantine, nos plateaux à la main. La plupart des regards se tournèrent vers nous, alors que les élèves se demandaient qui aurait la chance de nous avoir à côté d’eux. En effet, le réfectoire était composé de douze tables, avec environ le double de place pour chacune d’entres elles. Nous étions donc obligés de nous assoire à côté d’un groupe déjà existant, qui jubilerait à l’idée d’écouter notre conversation, de nous servir de l’eau, ou même de nous offrir leur dessert. Et pourquoi tout cela ? Pour espérer parler aux deux inaccessibles de ce lycée. Artur et moi. Les étrangetés.
_______________Commençant toujours par le dessert, je croquais dans ma pomme, alors qu’Artur mélangeait sa salade. Nous étions à côté d’un groupe de fille, qui parlait et riait fort pour attirer l’attention de mon Artur. Malheureusement pour elle, il ne leur accorda aucune attention, elle ne se lassait néanmoins de tenter leur chance. Il se pencha vers moi, souriant.

_______________J’échappais un bref rire, et croisais le regard d’une brune pétillante qui se tenait près d’Artur. Elle détourna rapidement les yeux, tandis que j’haussais les miens. Artur avait tord, je détestais cette façon qu’avait les gens de nous guetter. De le guetter. Mon Artur.

_______________J’acquiesçai rapidement. Mes parents, ainsi que ceux d’Artur, avaient accepté que nous habitions ensemble. Cela ne poserait aucun problème, et j’avais hâte de passer réellement mes journées, et mes soirées, avec lui.
_______________Le groupe de filles d’à côté de nous se releva, nous laissant ainsi dans un calme absolu.

_______________Il caressa tendrement ma joue, alors que j’entamais mon entrée.
_______________Artur était plein de surprise. Artur me réservait une surprise. Je le voyais à son regard. Je le sentais à ses dernières paroles. Mais plus que tout autre, Artur était mon ange.

Waouh..
Si plaisant. Si enivrant.
C'est trsite. Le début du moins. Elle sur sa tombe, attendant un signe. Et on l'attend ce signe alors, avec elle. On espère qu'il va se montrer. Parce qu'il n'a pas pu l'abandonner comme ça. Sans lui laisser quelque chose. Sans la guider. Pour faire perdurer cette complémentarité, ce tout qu'il formait. Mais il ne vient pas. Et comme elle, on est désapointé. Et puis eux, apparaissent. Qui sont-ils? Pourquoi leur doit-elle de l'argent? Que cache-t-elle? Edena semble attendre tellement du regard d'Artur. C'est son point de repère. Sans lui, elle n'est plus vraiment elle même. Elle ne vit que pour lui, fasciné par lui. Les autres n'existent même pas. Elle ne les voit pas. On le comprend d'autant plus avec la deuxième partie. Edena et Artur, par le tout qu'ils forment, fascinent les autres, les aimantent, les attirent. Ce sont les deux personnes que tout le monde regarde et que pourtant personne n'ose aborder. Quand bien même, ils le feraient. E&A n'en tiendrait pas compte. On a l'impression de voir leur bulle. Qui les entoure. Qui fait que chacun a besoin de l'autre et est fasciné par l'autre. Personne ne peut entrer dans leur bulle. Alors le fait qu'ils prennent un appartement -ou plus que ça parce que d'apres Artur c'est beaucoup plus - parait si... naturel. C'est si beau, un lien comme le leur. On les envie. Oui, c'est ça. On les envie. Les autres les envient.
Bravo. C'est magnifique.
<3 <3 <3

_____Je ne m’attendais inévitablement pas à ça. Ce qu’Artur m’avait préparé était magnifique, au-delà de toute espérance. Me cachant les yeux, nous étions entrés dans ce qui me semblait être un ascenseur, et vingt pas plus tard (je les avais compté), nous nous étions arrêtés. Il avait sorti les clés de sa poche arrière droite (je l’avais senti me frôler la hanche à cet instant précis), et leur cliquetis déclencha une frénésie insatiable en moi. Il ouvrit délicatement la porte, me fit avancer de quelques mètres, et m’enleva ce ruban rose ridicule qu’il m’avait attaché au niveau des yeux. J’en eu le souffle coupé. Plus aucun mot ne sortit de ma bouche.

_____Détrompez-vous, c’était un appartement tout ce qu’il y a de plus modeste. Un petit appartement –le nôtre. Et c’est ce qui faisait toute la différence. Là, sous les toits, avec mon Artur.

_____A ma gauche, à l’entrée de ce palace, se tenait une porte d’un rouge sang flamboyant, et Artur m’apprit que c’était les toilettes. Le moins important, en soi. J’ouvrais pourtant la porte, découvrant avec stupéfaction un ensemble de couleurs en harmonie les unes avec les autres. Les couleurs de l’arc-en-ciel. Toutes, sans aucune exception. J’exultais. Aux trois fenêtres de notre appartement étaient accrochés des rideaux d’une couleur ocre éclatante. Se tenait au centre de la pièce un canapé rouge, entouré de deux fauteuils appelés également poufs, d’un noir qui contrastait avec le reste de la pièce. Quelques meubles de la même couleur venaient compléter ce charmant tableau, et tout cet ensemble formait un je-ne-sais-quoi de miraculeux. Je jubilais. La cuisine, séparée du salon par un petit snack très plaisant, était très petite, mais bien équipée. Elle était en forme de cube, si bien que tout se trouvait à porté de main. En pénétrant une nouvelle fois dans le salon, je découvrais trois portes. Les yeux brillants, je fixais Artur, et il m’incita à ouvrir. La première était la sienne –un mélange de marron et de turquoise qui lui ressemblait parfaitement. Au milieu se dressait un lit deux places, imposant et massif. Du même style, une armoire et une commode, qui portait une petite télé à écran plat. Je devinais qu’elle provenait de chez Artur, un cadeau de ses parents. Je sortais donc de sa chambre, ouvrait la porte du milieu. La salle de bain, évidemment. D’un blanc immaculé, j’en restais ébahie.

_____Et j’étais véritablement ravie. Un énorme miroir occupait tout le mur gauche de la pièce, avec deux éviers, et deux placards de chaque côté. Sur le côté gauche de la glace était écrit à l’eye-liner : Artur, et sur le côté droit : Edena. Je riais. Sortant de ce paradis (le nôtre), je me postais devant la dernière porte. Ma chambre. Je sentais Artur trépigner derrière mon dos. J’ouvrais, restais pétrifiée sur le seuil.
_____Au milieu de la pièce, tout à fait incroyable, se tenait un lit en forme de cercle, d’un rose lumineux et attrayant. A sa gauche, le long du mur, des portes coulissantes me bousculèrent le cœur, alors qu’elle cachait en vérité un dressing d’une taille respectable pour un appartement de ce genre. J’étais ravie, aux anges. Heureuse.
_____Il ne me resta plus qu’à sauter dans les bras d’Artur. Mon Artur.

*

_____Noël. La veille de Noël. Tu te rends compte, mon Artur ?
A ma place habituelle –en face de toi, sur cette dalle grise, guettant ta photo-, je regardais l’heure. Il ne me restait que dix minutes à passer avec toi. Mon estomac se crispa, peut-être plus qu’à l’accoutumer. Aujourd’hui plus que d’habitude, je n’avais pas envie de te laisser. Pas un jour comme celui-ci. Le premier Noël que je passerais sans toi. Oh, j’y pense ! J’ai un cadeau pour toi. Je ne peux pas attendre demain, je suis si excitée à l’idée de l’avoir retrouvé ! Ecoute ça !
_____Je sortais fébrilement une lettre usée de ma poche, et la dépliait.

De ce fait, notre scolarité. Aussi.

_____Une main sur mon épaule me fit sursauter. Je tressaillais, et rangeais avec une rapidité surprenante notre lettre dans la poche de ma veste.

_____Il fut surpris de ma réaction, et je le vis baisser un instant les yeux. Il me sembla qu’il inspirait une grande bouffée d’air frais, et en relevant la tête, toute trace de curiosité avait déserté ses traits.

_____Personne n’avait le droit de prononcer son prénom. Pas en cet endroit. Il du lire sur mon regard ma colère naissante, car il s’excusa promptement. Il me dérangeait, et il semblait ne pas le comprendre. Je comptais passer la veille de Noël avec mon Artur, il ne me restait que dix minutes, et voilà qu’un corbeau venait se poser près de moi. Odieux.

_____Il planta ses yeux dans les miens, perplexe. Je ne comptais pas en dire plus. Je ne voulais pas alimenter les ragots de tous ces voyeurs d’adolescents. Je voulais être seule. Avec mon Artur. Le gardien me fit signe qu’il était l’heure. Je soupirais.

_____Bonne initiative. Ce garçon n’était peut-être pas si bête que ça. Je m’approchais de toi, mon Artur, te souhaitait un joyeux Noël, et te disait à demain. Je détestais te quitter de cette façon, telle une voleuse, rapide et évidente. Je rejoignais Nathan, ou plutôt, passais à côté de lui sans même lui accorder un regard. Il en avait pourtant décidé autrement –têtu, donc.

______Qu’est ce que vous croyez ? Que j’allais passer ma nuit de Noël chez un parfait inconnu (un garçon de ma classe, oui, c’est identique), qui alimenterait pour sur les ragots ? Enfin, ouvrez les yeux ! Je ne pouvais pas passer mon Noël avec Artur, mais je le passerais dans sa chambre –c’était un peu pareil.
______Nathan ? Il se rappellera simplement de ma gifle, quand il a prononcé le mot interdit. Personne ne doit se mêler de mes affaires, et des affaires de mon Artur. Je glissais dans le lecteur CD un album des Beatles vieux de dix ans, et m’allongeais sur le canapé. J’aurais pu sentir la main d’Artur me caresser le front, pour s’arrêter impérieusement sur ma joue droite, et descendre jusqu’à mon menton, pour passer son pouce sur mes lèvres sucrées. J’aurais pu le sentir s’attarder contre moi, emmêler une mèche de mes cheveux autour de son doigt, sentir l’odeur fruitée de son parfum avec une délicatesse infinie. J’aurais pu le sentir se serrer contre moi, sa main s’attardant au-delà de mon t-shirt… et rien. J’ouvris les yeux, haletante. C’était immoral, je fabulais. Ce n’était pas une erreur, mais cela faisait parti du passé. Oui, le passé.

*

______Nous déposâmes les deux bagues l’une sur l’autre, au fond du couloir, et nous courûmes à l’opposé, aussi excité l’un que l’autre. Il me tint fermement le bras, et nous avançâmes en marchant, gardant notre sérieux au possible.

______Il se posta devant moi, dégagea délicatement une mèche de mes cheveux en grognant, et approcha son visage du mien. Aussi doucement que nécessaire, il posa ses lèvres rosées sur les miennes, en émettant un bruit sonore à la fois hilarant et étranger à nos yeux.

*

*

______J’avais passé la nuit dans ta chambre, ton oreiller collé contre ma poitrine. Encore une fois, en ouvrant les yeux, j’avais espéré te trouver près de moi. Tout près de moi. Mais non Artur, tu étais dans mon cœur. Nulle part ailleurs. Je me levais, avalant un chocolat chaud devant la télévision. Les toits n’étaient plus blancs, le sol n’était plus pigmenté de cette même couleur, et c’est à cet instant que je compris que la vie était vraiment mal faite. Noël, sans neige. Arbre, sans feuilles. Sapin, sans cadeaux. Edena, sans Artur. Tout cela était dépourvu de sens. M’attardant à la fenêtre, je distinguais sans grande difficulté les visages heureux des passants. Moi aussi, j’étais heureuse. Avec toi, mon Artur. J’eu un hoquet de surprise en apercevant la grande brune du réfectoire, qui faisait parti du groupe de pimbêches de notre lycée. Nous avions mangé près d’elle, avec Artur, en début d’année. Elle semblait ailleurs et perdue. Encore plus que moi, pourrais-je même dire. Elle faisait froidement contraste avec toute cette euphorie qui se dégageait des rues. Un garçon d’à peu près son âge, qui se trouvait être lui aussi dans l’établissement, j’en étais certaine, s’avança près d’elle. De par leurs gestes, je compris immédiatement que la situation ne tournait pas rond. Il y eut des éclats de voix, des actes équivoques, et le garçon tourna les talons, laissant la brune seule. Et désespérée, elle en avait tout l’air. J’empruntais l’ascenseur, et pénétrais dans le froid de ce jour si particulier. Aussi qu’ahurie qu’elle pouvait l’être, elle fit des yeux ronds, et laissa sa bouche entrouverte alors que je m’arrêtais devant elle.
______Elle pleurait. Elle n’eut pas le temps de me le cacher.

______J’avais parlé d’une voix égale, neutre. Je lui laissais le choix, même si je savais parfaitement qu’elle me suivrait. Que cette fille raconte aux autres ce qu’il venait de lui arriver, qu’elle décrive notre appartement dans les moindres détails… après tout, j’avais mon Artur en moi, et c’était le principal. Même si j’osais espérer qu’elle était différente. Elle s’arrêta sur le seuil de la porte, bouche bée.

______Je la fis entrer, et lui proposais de s’assoire, voyant qu’elle n’oserait pas le faire toute seule. Je lui préparais ensuite une tasse de café brûlante, et venais m’assoire près d’elle.

______Je plantais mes yeux dans les siens, perplexe. J’aurais aimé qu’elle me parle davantage de ce drôle d’enthousiasme qu’avaient les élèves à notre égard.

______Je voyais en effet une façon de comprendre le mode de pensée des personnes nous entourant, et je pourrais alors prendre les mesures nécessaires. Les combattre. Nous sauver, Artur et moi, de ce chantage qu’on subissait. Et que nous avions mérité, paraissait-il.

Concernant ta suite. On en découvre toujours plus. Et ca me fascine, al arelation qu'il y avait - a entre Edena et Artur. Même quand ils étaient petits. Est ce que les paroles de la mère se rapportent à cette phrase de la sute précédente? " Vous matteriez votre demi-soeur vous?" Ou un truc du genre. Je ne me rappelle plus de la phrase exacte. Désolée.
Bon je dois aller prendre mon bus. J'édit et continue ce commentaire ce soir. Promis (:
Edit : Donc oui, me revoilà, comme promis. Enfin ça va etre un peu dur. J'ai oublié certaines choses que j'aurai voulu dire toute à l'heure. C'est tellement incroyable ce lien qui les unie. Edena et Artur. E & A. Whouah. On les envie et tu nous laisses sur notre fin. Parce que nous aussi on voudrait savoir, la rasion du pourquoi tout le monde est "fasciné" par eux deux. Terriblement. C'est tellement fort entre eux. Un mélange d'amour passionnel - je le ressens de cette manière - fraternel. Et pourtant si peu croyable. C'est quelque chose qu'on ne pourrait surement pas voir ailleurs. Ca n'exiiste peut etre pas. Probalement. Sauf entre ces deux là. Edena et Artur. Ca semble si.. naturel entre eux. Comme si ca avait toujours été comme ça. Et ça l'a surement été. Il se complète l'un l'autre. Chacun devient la bouée de l'autre. Alors quand l'un disparait, c'est tout le monde de l'autre qui s'écroule. Bien que le lien existe toujours. Le souvenir. C'est incassable presque. Alors on voit bien que la vie d'Edena sans Artur, ce n'est pas vraiment une vie. Un semblant d'existence. On arrive à comprendre le fait qu'elle ait rejetée Nathan. C'est pour elle "normal". Et quand on lit cette fin de "chapitre", on reste bouche bée. One st là, au bord de savoir peut-etre pourquoi les autres les envient. Mais surtout ce que j'aimerais savoir, c'est comment en sont-ils arrivés à créer un tel lien?

C'est terrible. Je te retrouve dans chacun de tes mots, de stes phrases, des intonations données à cette histoire. Et ac fait un bien fou. Parce que tu as quelque chose d'extraordinaire Loly. Vraiment. Quelque chose qui n'appartient qu'à toi seule. Et c'est merveilleux.

_____Je trépignais. Il était sept heures trente, et mon plateau à la main, je pénétrais dans la chambre d’Artur. Y était disposé une rose rouge, un jus d’orange, deux tartines de confiture, une pomme (pour moi), un croissant, et un bol de lait. Pour mon Artur. En entrant dans sa belle pièce marron et turquoise, je m’arrêtais près de son lit, et caressais son bras, qui reposait négligemment contre le drap chocolat. Il ouvrit délicatement les yeux, me sourit pleinement. Je m’asseyais près de lui, alors qu’il faisait de même, et déposais le plateau au milieu de nous.

_____Ma voix eut des accents désespérés, et sans aucune hésitation, Artur les décela. Je ne pouvais rien lui cacher. Il ne pouvait rien me cacher. Il passa délicatement son pouce contre ma joue.

*

_____Pour la première fois depuis le début de l’année, elle ne dévia pas ses yeux des miens. Et pour la première fois de l’année, je parlais à une autre personne que toi, mon Artur.

_____Elle se leva, me fixant froidement, et sortit de notre appartement, plus dignement qu’elle y étais entrée.
_____Un échec, encore un. Une erreur. Je n’aurais pas du tester cela avec cette fille, voilà où j’en étais maintenant. Elle irait tout raconter dès la rentrée des classes, au lycée. Quelle bête étais-je.
_____J’oubliais ça. Je pensais à toi, Artur. Et je courrais te retrouver.

*

_____A quinze ans, on est sensés avoir toute la vie devant soi. Voilà ce que m’avait dit Artur. Pour la première fois, j’avais embrassé un garçon. Un autre garçon, s’entend. Mais mes jambes n’avaient pas tremblé, mes mains n’étaient pas devenues moites, mon cœur ne s’était pas emballé. Alors j’ai recommencé sur Artur, mon Artur.
_____Et là, tous mes sens s’étaient affolés.
_____J’avais ma réponse. Non ?

_____Je m’assis sur le sol, à ses pieds. Tout. Que le ciel me tombe sur la tête, que je sois privée de téléphone, de télévision, et même de sortie. Pourvu qu’on me laisse mon Artur. Que je sois toujours la première dans son cœur.

_____Je levais la tête vers lui, alors qu’il s’accroupissait devant moi, et que je me laissais submerger par ses yeux noisette. J’aurais pu le contempler (et non pas le regarder, à la différence de toutes ces personnes du lycée) durant des heures, sans aucune interruption. Parce que je me sentais heureuse, en sa présence. Il ne me fallait qu’un sourire de sa part, qu’un coup d’œil, pour que mon cœur s’emballe, et que mes jambes vacillent. Le voir remonter son jean dès qu’il se levait, le voir passer la main dans ses cheveux emmêlés, le voir enlever son t-shirt. Le voir, le sentir, l’admirer. Le vénérer, le toucher, le caresser. Le frôler, l’extasier, le considérer. L’aimer.

*

_____C’était sa voix rauque, cassée par l’abus de la cigarette. Le garçon dreadeux, qui se faisait appeler Manu, était au bout du fil. Mon cœur s’emballa, mais ce n’était pas pour toi, mon Artur.

____Nous étions arrivés tous les deux au lycée, comme à notre habitude. Nous avions été en cours ensemble, au réfectoire ensemble, et nous avions terminé notre journée ensemble. Et j’avais eu un mal fou à garder la tête haute. Artur, malgré tout ce qu’il entreprenait pour me faire croire le contraire, n’était pas comme à son habitude. Sa fossette droite n’apparaissait pas quand il souriait, ce qui me prouvait que ses sourires étaient faux. Véritablement faux. Il n’y avait que moi pour voir cela, et je l’avais aperçu sans aucune difficulté : ses yeux ne brillaient pas. Au contraire, quand il plantait son regard dans le mien, il n’y avait aucun pétillement, aucune joie. Ses joues ne rosissaient pas, il ne passait pas sa main dans ses cheveux, encore moins dans les miens. Il ne me bousculait pas gentiment, ne me regardait pas de cette façon si explicite qui voulait tout dire. A la cantine, il n’avait pas pris mes couverts, il n’avait fait aucune remarque sur la manie que j’avais de commencer par le dessert. Nathan m’avait parlé, du moins il avait essayé, et Artur n’avait eu aucune réaction. Il n’était même pas resté neutre, non. Il était complétement ailleurs, totalement absent. Physiquement, il état à demi là. Mais moralement, Artur n’était pas avec moi.
____J’aurais pu expliquer cela encore des heures, néanmoins, tout cela me faisait beaucoup trop mal pour que je continue d’éluder. Artur me parlait toujours. Artur plantait toujours ses yeux dans les miens, en m’offrant un sourire à la fois narquois et explicite. Il passait toujours aussi discrètement que possible sa main dans mon dos, au dessous de mon débardeur. Il me faisait toujours des remarques ironiques, sur tout ce que j’entreprenais. Il passait toujours la main dans ses cheveux, passait toujours sa langue sur sa lèvre supérieure, tapait toujours ses doigts sur la table.
____Et là. Rien. Absolument rien.
____Je ne pouvais plus tenir. C’est pourquoi, n’attendant décemment pas d’arriver chez nous, je l’interceptais alors qu’il se rendait à notre dernier cours de la journée, et me postais autoritairement devant lui.

____Notre professeur d’histoire arrivait au loin. Les élèves de notre classe se turent, nous fixant toutefois, leurs oreilles aux aguets. J’aurais pu les étrangler, pour tout cela. Pour ne pas nous laisser une seconde de répit, que mon Artur m’explique ce qui le tracassait.

____Je plantais mes yeux dans les siens. Il approcha ses lèvres de mon oreille, comme un simple ami ferait avec une simple amie, pour lui avouer un secret. Soyons clair, ce n’était pas du tout cela.

*

____Il était vingt heures trente. Voilà une demie heure que j’avais quitté Artur. Jusqu’à demain. Pénétrant dans le hall de notre immeuble, j’ouvrais mécaniquement notre boîte aux lettres, mettait tout dans mon sac à main, et m’enfermais dans l’ascenseur. J’entrais ensuite chez moi, m’asseyais sur un des poufs.

____Quelques magasines, quelques factures. Une lettre. D’une écriture soignée et délicate. Je l’ouvrais fébrilement.

Bonjour, Edena. Excuses moi d’être partie de cette façon, hier. Comprends moi, je ne pouvais trahir la confiance de mes amies. Tu sais comme moi à quel point c’est important. Te serait-il venu à l’idée de m’avouer une promesse que tu avais faite à Artur, si nous avions échangé nos rôles ? Bien sur que non. Et crois moi, aussi populaire soit-tu, (si je puis dire, bien entendu), je ne voulais trahir la parole de mes amies.
Voilà pourquoi je t’écris cela. Pour t’aider, peut-être. Ne vois pas en mon geste un quelconque besoin d’amitié, ni même de reconnaissance de ta part. Je sais –nous savons, combien Artur te suffisait et surtout à quel point c’était réciproque. Il y avait (a) beaucoup de rumeurs, sur vous. La première étant que vous êtes en couple, et que vous le cachez à tout le monde. La deuxième étant que vous êtes de la même famille, et que vous le cachez aussi, pour quelque raison que ce soit. Nous n’en saurons jamais rien, je crois. Il y en avait certains qui disaient que vous étiez inaccessibles, et tellement mystérieux, que la seule personne qui arriverait à percer un de vos secrets (que ce soit le fait que vous soyez seulement amis d’enfance, ou autre. De percevoir un seul geste équivoque, ou même une discussion maladroite. N’importe quoi, qui pourrait apporter de nouveaux ragots) aurait le mérite de toute l’assemblée. A votre dépent, c’est vrai. Et je m’excuse de ça. Mais justement, Artur et toi aviez l’air si inabordables, si inaccessibles, encore une fois, qu’on ne pouvait que se poser des questions, sur vous. Vous étiez aussi intrigants que mystérieux, et je pense pouvoir dire que vous étiez les attractions du lycée (désolée pour ce terme, j’espère que tu ne m’en tiens pas rigueur.). La mort d’Artur est inexpliquée, pour nous. Nous ne savons rien, ce qui ne fait qu’accroître nôtre curiosité, aussi mal placée soit-elle, je suis d’accord. Toutefois, pour garder autant de mystère autour de vous, de toi, c’est pour une raison bien spéciale, j’en suis sure. Et tout le monde pense pareil. Bien sur, on ne parle pas seulement de ça, c’est clair. La façon dont tu t’es habillée aujourd’hui, dont tu as souris à Artur. Votre façon d’ignorer les personnes autour de vous, de ne vivre que pour vous. Le nouveau sac d’Artur, sa nouvelle coiffure. Jusqu’à vos moindres faits et gestes. Même maintenant, alors que tu es toute seule, les questions, les interrogations continuent de fuser.
Je suis désolée pour ça, Edena. Tu m’as tout l’air d’être une fille bien.
Mais toi et Artur, vous êtes (étiez) si intrigants, si emplis de mystère, si insaisissables, si énigmatiques, qu’il faut essayer de nous comprendre. Merci pour la tasse de café. Bonne soirée. A*.

____Mais moi et Artur. Si emplis de mystère.
____Toutes les questions qu’ils se posaient. Tous.
____Décemment, je ne pouvais trahir la promesse faite à mon Artur. Pour notre survie, il fallait que je le protége. Des hésitations, des interrogations valaient mieux que la véritable vérité. Oui. Bien mieux.